The Leftovers, la meilleure série de cette décennie?

Série télévisée américaine créée par Damon Lindelof et Tom Perrotta, adaptée du roman éponyme de Tom Perrotta, diffusée depuis le 29 juin 2014 sur la chaîne HBO.

Du jour au lendemain, un 14 octobre en apparence ordinaire, 2% de la population disparaît mystérieusement de la surface de la terre. Ces gens, de tout âge, se sont évanouis dans la nature, sans explication, laissant leurs proches dans l’angoisse, voire le désespoir. Trois ans plus tard, la vie a repris son cours dans la bourgarde de Mapleton, une petit ville près de New York, mais rien n’est plus comme avant. Personne n’a oublié ce qui s’est passé, ni ceux qui ont disparu. A l’approche des cérémonies de commémoration, le chef de la police locale, Kevin Garvey, est en état d’alerte maximale : des affrontements dangereux se préparent entre la population et un groupuscule comparable à une secte…

Cette série a fait l’effet d’une bombe. Poésie, tristesse, deuil, mais aussi de l’espoir là où on pensait qu’il n’existait plus. Peut-on dire que The Leftovers est la meilleure série de cette décennie? Très surement.

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Une série qui ne se sent pas obligée de répondre à toutes les questions Damon Lindelof avait prévenu : le but de cette série n’est pas de nous donner la raison de la disparition de ces 2% de disparus (2% ça semble si peu, mais en fait, c’est tant), mais plutôt d’étudier ceux qui restent (d’où le titre, leftovers signifiant les restes du repas traditionnellement). De manière perverse, on observe la façon dont chacun gère son deuil. C’est donc rafraîchissant quand on sait que la mode actuelle est de donner aux spectateurs toutes les cartes, et leur donner une fin complète pour ne pas risquer de frustrer. Mais que la frustration est bonne dans The Leftovers! Malgré cet événement qui semble fantastique, Lindelof et Perrotta n’ont jamais voulu que leur série se tourne vers le surnaturel. Paradoxalement, bien que son point de départ semble improbable, The Leftovers est en fait très réaliste : on peut très bien se reconnaître dans chaque personnage.

Des personnages touchants La force de la série, c’est évidemment ses personnages : avec eux vient l’émotion, la poésie et la beauté qui entourent comme un halo The Leftovers. Chacun est passionnant à suivre, attachant à souhait, et on est tristes de les quitter quand le générique du dernier épisode arrive. Probablement à cause de cette frustration que j’ai mentionné plus haut. Vivant chacun leur deuil d’une manière différente, on les voit évoluer à l’écran : de cette première saison très sombre et avec peu d’espoirs, on arrive à un finale plein d’espoir (notamment avec cette magnifique scène finale où les oiseaux de Nora, après avoir disparus, reviennent enfin). Et on prend aussi énormément de plaisir à voir l’histoire touchante de Nora et Kevin, aux premiers abords secondaire, puis prenant ensuite toute la place : elle raconte comment deux personnes totalement brisées peuvent se reconstruire. D’ailleurs, dans un interview publié par Michael Ausiello sur le site en ligne TVline, Damon Lindelof déclare que c’est en voyant l’alchimie entre Justin Theroux et Carrie Coon (les acteurs respectifs de Kevin et Nora) qu’ils décidèrent de faire de leur histoire l’axe principal de la série. N’oublions pas les performances parfaites et transcendantes des acteurs : aucune erreur de casting. Mention spéciale à tout le casting (injustement oublié aux nominations des Emmy…).

« And I was a ghost. I was a ghost who had no place here. »

Une série qui n’a pas peur d’expérimenter Il y a ces séries qui restent sur leurs acquis, et puis il y a The Leftovers. Chaque saison est composée d’un univers différent, qui déroute. Mais chacune a aussi un axe différent, elle se centre sur un autre thème. Comme les étapes du deuil : d’abord, il y a le désespoir, le besoin de se rappeler sans cesse des êtres perdus ; puis l’espoir ; et enfin, comme un acte final, l’après. Cependant, il n’y a pas que ça qui fait le courage et l’imprévisibilité de la série : elle n’hésite pas à nous faire réfléchir plus profondément, souvent au travers de la religion (omniprésente, surtout dans la saison 3) à philosopher, à se laisser entraîner par la métaphysique et les questions que chacun de nous se pose au moins une fois dans sa vie : quel est mon but dans cette vie? y a-t-il une vie après la mort? existe-t-il une autre dimension? On retrouve cet aspect dans deux épisodes particulièrement fous, totalement déjantés, où Kevin est transporté dans une autre dimension où il doit sauver le monde. On aime ou on aime pas : moi, j’adore.

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Dans une autre dimension, le monde explose. Magnifique hommage à Fight Club.

 

Une photographie déchirante Que serait The Leftovers sans son image, son grain, sa musique? C’est peut-être le point le plus marquant de la série. Chaque scène est d’une beauté incroyable, chaque scène éblouit et chaque scène nous fait dire « pourquoi toutes les séries ne peuvent pas avoir cette qualité là? ». La série se rapproche à mon sens plus du septième art. La musique est aussi une partie intégrante de l’ambiance si particulière et si belle de la série : composée entièrement par Max Richter, son thème musical étant des fois agrémenté de titres aussi excellents les uns que les autres, sa musique est reconnaissable entre mille et touche profondément. Elle reste en tête, et magnifie chaque scène -et ce, jusqu’à la dernière. C’est simple, dès que j’entends ce thème à la télévision ou dans des magasins, mon coeur est immédiatement empli de cette émotion si particulière que procure The Leftovers.

The Leftovers, ce fut un voyage magnifique. Pleins de bouts d’hommes et de femmes essayant de se reconstruire, de scènes à couper le souffle, de frustration et de découvertes. Une vraie leçon de vie. Je suis sure que je te reverrais encore. Et encore. Et encore. 

 

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